Gilles Clément Jardinier et Paysagiste
Gilles Clément, est né en 1943 à Argenton-sur-Creuse (Indre)
Il obtient un diplôme d'ingénieur horticole en 1967 et un diplôme de paysagiste en 1969 à l'Institut national d'horticulture et du paysage d'Angers, il commence à enseigner en 1979 à l'École nationale supérieure du paysage de Versailles, tout en poursuivant son activité de concepteur. Il a parcouru de nombreux pays, notamment dans l’hémisphère austral, où il s'est intéressé à la flore des climats méditerranéens.
En 1977, il s'installe à Crozant, dans la Creuse. En 1991, il publie "La Vallée", un livre consacré à son jardin-maison, niché au fond d'un vallon.
Dans l’ouvrage "Le Salon des Berces", il partage son histoire personnelle avec cette vallée, qu'il appelle "la Vallée des Papillons". Cette vallée, la vallée de la Creuse, était connue au XIXe siècle comme le centre d'une école picturale, l'École de Crozant, et est aujourd'hui connue sous le nom de Vallée des Peintres entre Berry et Limousin.
Dans son jardin de Crozant, Clément observe et expérimente. Ce jardin secret, qu'il partage avec des proches, des étudiants et des chercheurs, devient un lieu de visite pour les curieux.
Le parc André-Citroën
Le parc à été ouvert en 1992 sur l'ancien site des usines Citroën. Gilles Clément a conçu ce parc avec le paysagiste Allain Provost, ainsi que les architectes Patrick Berger, Jean-François Jodry et Jean-Paul Viguier.
Le parc, qui descend en pente douce vers la Seine, s’étend sur 14 hectares le long de la rivière et abrite une végétation luxuriante ainsi que des scénographies aquatiques. Il est traversé en diagonale par une ligne droite de 800 mètres, offrant un paysage varié : passages au-dessus d’étendues d’eau, pelouses, bambouseraie, escaliers, etc.
Deux grandes serres se trouvent au nord-est, entourant des jets d’eau. L’une d’elles abrite des plantes exotiques, tandis que l’autre accueille des espèces méditerranéennes. La serre de l’orangerie est également disponible à la location.
En contrebas, une île artificielle est plantée de bois de bambous."
Lors de la taille de la vigne, les sarments coupés sont rassemblés en fagots appelés “javels”. Ces fagots servaient alors de combustible. A Paris, sur les rives de la Seine, les javels sont entreposées et transportés par bateaux.
C'est à cet endroit précis que des usines chimiques s'installeront plus tard. Elles produiront un désinfectant bien connu : l'eau de Javel.
Les usines rachetées par André Citroën, vont fabriquer des obus pendant la Première Guerre mondiale, puis des automobiles par la suite.
Le Domaine du Rayol
Le Domaine du Rayol, situé au Rayol-Canadel-sur-Mer dans le Var, à été créé à partir de 1989, s'étend sur 20 hectares face à la Méditerranée et incarne le concept de "jardin planétaire" cher à Clément.
Le site met en scène différents paysages méditerranéens du monde, recréant des écosystèmes d'Australie, de Californie, du Chili, d'Afrique du Sud et des Canaries. Clément a conçu ce jardin comme une invitation au voyage botanique, en harmonie avec le climat local et en respect de la biodiversité.
Le Domaine du Rayol se distingue par son approche écologique et pédagogique. Il illustre les principes du "jardin en mouvement" de Clément, où la nature est guidée plutôt que contrainte. Les visiteurs peuvent y découvrir une riche palette végétale adaptée au climat méditerranéen, dans un cadre paysager spectaculaire entre mer et collines. Ce jardin est non seulement un lieu de beauté et de découverte, mais aussi un exemple innovant de gestion écologique et d'adaptation au changement climatique.
Le Parc Matisse à Lille
Le Parc Matisse, situé au cœur de Lille, a été inauguré en 1995. Ce parc urbain de 8 hectares fait partie intégrante du projet Euralille et illustre de manière innovante les concepts paysagers de Clément.
L'élément central du parc est l'île Derborence, une structure rectangulaire surélevée de 7 mètres, inaccessible au public. Cette "île" de 2500 m² est conçue comme un fragment de forêt primaire laissé à l'état sauvage, incarnant le concept du "tiers paysage" développé par Clément.
Le "tiers paysage" désigne les espaces délaissés ou non exploités qui deviennent des refuges pour la biodiversité. Dans le cas de l'île Derborence, Clément crée volontairement un espace où la nature évolue librement, sans intervention humaine, au milieu d'un environnement urbain hautement maîtrisé.
Autour de cette île, le parc se compose de prairies, de bosquets et d'espaces ouverts, formant un contraste saisissant avec l'architecture moderne environnante. Des cheminements piétons et des espaces de détente permettent aux visiteurs de profiter du lieu tout en observant l'évolution de cet écosystème unique.
Le Parc Matisse est ainsi une démonstration vivante des théories de Clément sur l'écologie urbaine et l'importance de préserver des espaces de nature spontanée au cœur des villes.
Le Jardin du Musée du Quai Branly à Paris
Le Jardin du Musée du Quai Branly à Paris, conçu par Gilles Clément en collaboration avec l'architecte Jean Nouvel, est un espace vert unique inauguré en 2006. Ce jardin de 1,8 hectare entoure et s'intègre au musée dédié aux arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques.
Gilles Clément à également travaillé avec Patrick Blanc qui à conçu le mur végétal
Clément a imaginé ce jardin comme une transition entre la ville et le musée, créant un paysage évocateur des cultures représentées à l'intérieur. Le jardin se caractérise par :
- Une végétation dense et luxuriante, contrastant avec l'environnement urbain parisien.
- Des sentiers sinueux qui serpentent à travers la végétation, créant une atmosphère de découverte et d'exploration.
- Une grande diversité de plantes, notamment des graminées et arbres en cépées.
- Des espaces ouverts et des zones plus intimes, offrant différentes ambiances aux visiteurs.
Le jardin occupe 17 500 m2 et son usage innovant et original des graminées et des fougères. Une immense palissade de verre du côté des quais de la scène, protège les visiteurs des bruits de circulation.
Le jardin est planté de 169 arbres, 900 arbustes et 70 200 fougères et graminées, il est composé de sentiers, terrasses, petites collines, chemins dallés de pierres de torrent, de bassins propices à la méditation et à la rêverie et de hautes graminées ou poacées, refuges d'une petite faune urbaine et de passage.
Jardin du château de Blois
Autour du château royal, les jardins du Roy reflètent l'histoire du lieu grâce à l'ambiance des trois époques qu'ils évoquent sur les différentes façades : Médiévale, Renaissance et Classique.
Créés à l'origine par Louis XII, ces jardins ont été entièrement réaménagés en 1992 par Gilles Clément en jardins contemporains architecturés et fleuris. Ses parterres de lis, d'iris et d'hémérocalles mais aussi ses plantes aromatiques, condimentaires et médicinales sont à découvrir en plus de son splendide panorama.
Le jardin en mouvement
Le concept du “jardin en mouvement” a été créé par Gilles Clément. Il englobe à la fois un type de jardin où les espèces végétales peuvent se développer librement et une philosophie du jardin qui redéfinit le rôle du jardinier en accordant une place centrale à l’observation et à la coopération avec la nature.
Originaire de la Creuse, Gilles Clément a expérimenté cette approche dans son propre jardin, La Vallée, à partir de 1977. Il l’a décrite pour la première fois dans un article intitulé “La friche apprivoisée” en 1985, puis dans son livre “Le Jardin en mouvement”, publié en 1991.
Le concept s’inspire de la friche : un terrain non entretenu est rapidement colonisé par de nombreuses plantes, et cette dynamique naturelle peut être mise à profit pour composer un espace en perpétuelle évolution. Le jardinier cherche à influencer les interactions entre les espèces végétales sans altérer leur richesse, en suivant la devise : “Faire le plus possible avec, le moins possible contre.”
La gestion du jardin en mouvement implique des décisions saisonnières, comme tailler certaines plantes ou laisser d’autres se développer librement. Le déplacement physique des espèces sur le terrain est également visible, grâce aux semis spontanés et à la multiplication végétative.
L’objectif du jardin en mouvement est de maintenir et d’accroître la diversité biologique en limitant les intrants et en observant davantage. Cette approche s’est concrétisée dans des réalisations telles que le parc André-Citroën à Paris. Elle s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’écologie et la place de l’homme dans la nature.
Le jardin planétaire
Le concept du “Jardin planétaire” désigne la Terre comme étant un jardin, pour trois raisons.
Couverture anthropique
L’humain est omniprésent sur la planète, tout comme un jardinier l’est sur son terrain.
Mécanique du brassage planétaire
Depuis la création des premiers jardins dans l’histoire, les humains nomades sont devenus sédentaires. Ils ont créé des enclos protecteurs où ils ont placé des espèces (principalement comestibles) qu’ils cueillaient autrefois le long de leurs parcours. Ils ont ainsi procédé à une “importation”. Grâce à l’évolution des moyens de transport, les plantes du jardin ont progressivement atteint des lieux de plus en plus lointains, franchissant même les océans. Les humains ont accéléré la mécanique naturelle du brassage planétaire, qui existe depuis toujours grâce à la dynamique des vents, des animaux et des courants marins.
Définition du mot “jardin”
Le terme “jardin” évoque à la fois un enclos et un paradis. Bien que nous ne puissions pas nous prononcer sur la notion de paradis, l’enclos est une réalité concernant le “vivant” tel que nous le connaissons. La biosphère, seule zone d’expression du vivant que nous connaissons, est une fine couche à la surface de notre planète, limitée à la troposphère (jusqu’à environ 11 000 mètres au-dessus du niveau de la mer) et à environ 8 000 mètres en dessous.
Le tiers Paysage
Le "Manifeste du Tiers Paysage" est un texte qui explore les espaces laissés à l'abandon par l'activité humaine et leur importance écologique.
Définition du Tiers Paysage
Ensemble des lieux délaissés par l'homme, comme les friches industrielles, agricoles, et urbaines, ainsi que les réserves naturelles non exploitées.Ces espaces abritent une biodiversité non cataloguée et jouent un rôle crucial en tant que refuges pour de nombreuses espèces.
Origine et Étendue
Le concept est né de l'observation du paysage du Limousin, où des espaces indécis et sans fonction apparente sont omniprésents. Le Tiers Paysage inclut les délaissés urbains, ruraux et naturels. Chaque aménagement humain génère des délaissés.
Caractéristiques
Le Tiers Paysage est un réservoir de biodiversité, accueillant des espèces pionnières et évoluant vers des écosystèmes plus stables.Les délaissés évoluent naturellement, souvent de manière rapide, et sont essentiels pour maintenir la diversité biologique.
Statut et Enjeux
Ces espaces n'ont généralement pas de protection officielle mais sont cruciaux pour la diversité biologique. Leur statut est plus mental et éthique que légal.La préservation de ces espaces est essentielle pour maintenir la diversité biologique et les potentialités d'évolution des espèces.
Importance Écologique et Sociétale
Le Tiers Paysage est comparé à un jardin planétaire, représentant les limites de la biosphère et la nécessité de maintenir ces espaces pour l'équilibre écologique. Ces espaces sont des territoires de liberté, non soumis à l'exploitation humaine, et ils jouent un rôle dans la conscience collective écologique.